Quand le chômage perturbe l’équilibre familial…

Quand le chômage perturbe l’équilibre familial…

 

Perdre son emploi est un choc. Dans le couple, chacun est ébranlé et doit faire face. Comment ? D’abord en acceptant de parler de cette souffrance qui n’épargne personne.

Ce que le chômage touche en nous va au-delà de la simple angoisse du lendemain. Il renvoie à ce que nous sommes au plus intime de nous-mêmes et à la façon dont nous nous sommes construits psychologiquement. Il révèle aussi toutes les failles jusque-là soigneusement cachées. (Sophie Guillou – Surmonter le chômage en famille – Albin Michel).

Pas étonnant dans ces conditions que le couple et la famille soient fragilisés quand survient le licenciement. ” Le plus difficile, confie Orianne, dont le mari est au chômage depuis deux ans , au-delà de l’incertitude financière, c’est d’arriver à maintenir la confiance en l’autre quand on sent qu’il perd l’estime de lui-même”.

La perte de l’emploi, une expérience traumatique
Le travail représente beaucoup plus qu’un simple gagne-pain. Et en être privé cause une souffrance énorme. Comprendre cette souffrance pour ne pas se laisser submerger par elle est donc la première étape. Le travail , c’est d’abord ce qui nous fait entrer de plain pied dans la vie d’adulte. Nos premiers bulletins de paye signent notre accès à l’indépendance financière. Mais c’est aussi ce qui nous donne une identité professionnelle aux yeux de la société et figure sur les fiches de renseignement qui remplissent nos enfants à l’école. D’où cet ébranlement de tout être qui fait que parfois l’on ne sait plus très bien qui l’on est aux yeux des autres. Face à cette blessure, certains se révèlent plus vulnérables que d’autres.

Pas d’attitude surprotectrice
Dans le couple, cet épisode se traduit par une grande tension à laquelle s’ajoute un repli sur soi. Le risque, c’est alors de vivre en vase clos une situation qui entretient la confusion : chacun se sent responsable de l’autre…au risque de se croire coupable s’il n’arrive pas à lui venir en aide. Or, ce n’est pas parce que quelqu’un traverse une mauvaise passe qu’il faut se substituer à lui. Bien au contraire : cela risquerait de l’infantiliser plus encore.

Bien souvent, celui qui a perdu son emploi peine en effet à se sortir de son statut de victime. Epauler sans infantiliser, cultiver l’écoute bienveillante…autant de postures pas toujours évidentes à trouver. L’important est de ne pas s’enfermer dans le mutisme ou dans l’agressivité. Avec les enfants, au sein du couple, chacun avec ses amis, dans un réseau associatif ou dans le cadre d’une démarche thérapeutique, il faut maintenir le dialogue.